vendredi 29 octobre 2010

NOUVEL EXTRAIT


ACTE 1 Scène 4
Les hublots à jardin et à cour se rallument au bout de quelques secondes. Le quatuor émerge à jardin.Marie - Laure: J’en ai plein les pieds ça fait plus d’une heure qu’on tourne.
Raphaël : Oui c’est vrai et puis ces galeries se ressemblent toutes, pas terribles pour l’instant mes photos.
Thomas: On va faire une pause.
Sarah: Quelle idée aussi de descendre ici en escarpins !
Marie - Laure: On ne m’avait pas prévenue qu’il fallait mettre des chaussures de randonnées, madame !
Sarah: (ironique) Oh, encore de l’humour…tout arrive finalement. Bon, Thomas c’est encore loin cette sortie ?
Thomas: Je ne sais pas. On aurait déjà du retrouver une échelle scellée dans le mur comme celle par où on est descendu…Ca bifurque un peu plus loin, avec Raphaël on va aller voir, faites une pause ici en attendant.
Raphaël : Pas question de se séparer. C’est le meilleur moyen de se perdre ! Et puis tu l’as dit toi-même nous n’avons qu’une lampe.
Sarah: Je suis d’accord.
Thomas: On avancera plus vite à deux, on se rend juste au bout de la galerie, histoire de voir s’il ya une échelle et on revient. On ne va pas se perdre sur cinquante mètres tout de même.
Raphaël : Et on laisse les filles ici toutes seules ?
Thomas : Tu peux rester avec Marie Laure. Sarah vient avec moi. C’est une solution.
Sarah: (regardant tour à tour Marie-Laure et Thomas) Je vais rester avec « Miss Mention ».
Thomas: Tu es sûre ?
Sarah: Oui… mais tu me laisses ta lampe. Si ça s’éteint, je ne veux pas lui demander de nous éclairer avec son portable.
Raphaël : C’est une mauvaise idée de se séparer ! Surtout de cette manière ! Si les rats vous attaquent ?
Sarah: Je crierais un bon coup !
Marie - Laure: Ce n’est pas la peine d’essayer de rester avec moi… « Mr Raphael » ! Je ne coucherais pas avec toi, alors oublies et va chercher la sortie avec ton ami.
Raphaël : (aux autres) Mais, j’en ai rien à cirer de coucher avec elle. C’est une mauvaise idée de se séparer, c’est tout !
Thomas: C’était surtout une mauvaise idée de descendre ici !...Tiens Sarah, ma lampe…
Raphaël : Et nous on s’éclaire comment sur cinquante mètres ? Tu me prends pour un chat ? Je ne vois rien devant mes pieds.
Thomas: (regardant à cour) Ca a l’air éclairé au fond à gauche. Dans le pire des cas, ton flash d’appareil fera l’affaire. Fais juste gaffe de pas glisser dans cette mélasse…A tout de suite.

Raphaël soupire et prend les filles en photo.Sarah: T’es pénible quand tu es énervé ! Allez-y, trouvez cette échelle qu’on quitte ce merdier !
Raphaël : Sur celle-là, je mettrais en légende : « le moment fatidique où on s’est volontairement séparé »
Thomas: Qu’est-ce qui faut pas entendre… allez, suis-moi et regardes où tu mets les pieds.

Ils s’éloignent et sortent derrière le panneau central. Les deux femmes restent seules ensemble.Sarah: Bon sang quelle galère !
Marie - Laure: Galère ? Mais non… On nous retrouvera dans six mois dévorées par les rats après que nous soyons mortes de faim. On sera comme des fantômes… des légendes urbaines…Tout comme ce crocodile…

Sarah se permet un petit sourire amusé.
Sarah: Mais non. On ne va pas mourir ici…enfin j’espère…
Marie - Laure: Franchement c’est trop glauque. Moi et ma curiosité, je te jure… Vivement que les garçons trouvent la sortie… (Elle observe Sarah un instant) Je peux te poser une question ?
Sarah: Dis toujours…
Marie - Laure: Pourquoi tu ne peux pas me sentir ?
Sarah: (marmonnant la tête dans les mains) Oh, pitié…

Les deux garçons sortent de derrière le panneau central et s’arrêtent à cour.
Thomas: Franchement, tu comptais te faire Marie-Laure ?
Raphaël : Franchement, tu comptais renouer avec Sarah ?
Thomas: Oh, ça va ! J’y peux rien, c’est comme ça. Bon on y est… (Il observe) Pas d’échelle…. Merde ! Quelle galère ! Toi et tes idées, je te jure !
Raphaël : Tu ne vas pas recommencer. Moi aussi j’en ai marre.
Thomas: Ah oui ? Essayons l’autre coursive un peu plus loin.
Raphaël : C’est sûr, on va se perdre et les filles aussi…T’as pas pensé à emmener tes cailloux, « p’tit Poucet » ?
Thomas: Tu as raison. Mets ton sac à dos dans l’angle, on aura un point de repère.

Il pose le sac à dos au sol près du panneau central et sortent derrière le panneau à cour. La lumière s’éteint à cour. Reste seulement la lumière à jardin.

Un temps.
Sarah: (marmonnant toujours la tête dans les mains) Pitié, Pitié, ce n’est pas le moment.…
Marie - Laure: C’est vrai, on ne se connait pas. Je ne t’ai rien fait.
Sarah: O.K tu veux la vérité ? C’est de la jalousie mal placée…un truc de filles. Tu es mignonne, des jambes splendides et tu as de la classe en escarpins même en plein milieu des égouts de la ville…C’est vrai quoi, qu’est-ce qu’il reste aux filles comme moi face à un canon comme toi ?
Marie - Laure: De la jalousie… Tout simplement ?
Sarah: Oui l’un des sentiments les plus vils et les plus élémentaires. On ne t’a pas appris cela en cours de psychologie ?
Marie - Laure: Si, si. Mais franchement je croyais que c’était plus compliqué…Tu n’as pas à être jalouse…Si je suis si canon que ça, tu remarqueras que ton ex m’a à peine regardée, il est toujours amoureux de toi et ça…c’est tout à ton honneur. C’est beau un homme amoureux. Raphael lui ne pensais qu’à me sauter ! (Sarah sourit de nouveau) Deux sourires en moins de deux minutes je suis gâtée dis-donc ! Je peux te poser une autre question ?
Sarah: Tentes ta chance…on a que ça à faire pour le moment.
Marie -Laure: Pourquoi tu es descendue ici ?
Un temps.
Sarah: Tu veux la vérité ? La vie me fait peur.
Marie - Laure: Je ne comprends pas.
Sarah: J’ai beau me cacher derrière une armure mais la vie, l’avenir me fait peur. (Un temps). Pourtant je ne devrais pas, parce que la vie, elle, n’a pas peur de moi.

Elles se regardent un instant en silence.Sarah: Aussi quand Raphaël m’a proposé de l’accompagner, je me suis dit : « Pourquoi pas ? Si j’arrive à avoir le cran de descendre dans ces égouts et éventuellement chercher un crocodile qui n’existe sans doute pas… »
Marie - Laure: Tu as pensé que tu pourrais tout affronter par la suite.
Sarah: (Un temps) Finalement t’es plutôt sympa comme fille…quand on prend le temps de discuter plus de trois minutes avec toi.
Marie - Laure: Merci… mais franchement j’aurais du descendre en bleu de travail. C’est dégoutant ici.
Sarah: Peut-être mais même en salopette je suis sûre que tu aurais encore de la classe.

Elles rient toutes les deux.
L’ombre du crocodile apparaît de l’autre coté, à cour. Elles ne s’aperçoivent de rien.
L’ombre disparait. La lumière se rallume à cour.
Les deux gars reviennent de derrière le panneau à cour.

Raphaël : Franchement, ce n’est pas de bol, on trouve une échelle de sortie et t’arrives pas à bouger la plaque d’égouts !
Thomas: Oui, elle ne doit pas avoir été ouverte depuis longtemps celle-là ! Tu aurais du essayer, tu aurais sans doute fait mieux…Mais c’est un travail manuel…pas pour les filles…
Raphaël : Aha ! Très drôle. Tu as mangé un clown ce soir avant de venir ? (reprenant son sac) On rejoint les filles ?
Thomas: Attends, on essaye d’abord l’autre coursive là devant.
Raphaël : Je n’aime pas ce couloir. Il ne me dit rien.
Thomas: Allez, viens.

Raphaël pose le sac à dos au sol près du panneau central et sortent en coulisses devant le panneau à cour. Le néon à cour s’éteint au bout d’un instant.
Le faisceau d’une lampe apparaît à cour derrière le panneau
.

Marie - Laure: (qui a aperçu la lumière) Ah, voila les gars qui reviennent.
Sarah: Marie-Laure ?
Marie - Laure: Oui ?
Sarah: C’est moi qui tiens la lampe…

Un temps.
Marie - Laure: Et alors ?
Sarah: Et alors ça ne peut pas être eux !
Marie - Laure: Ah oui c’est vrai. (Riant bêtement) En tout cas, ce n’est sûrement pas le crocodile.

Un homme en tenue de chantier avec un casque à lampe et une sacoche à outil émerge de derrière le panneau à cour et trouve le sac de Raphaël. Il le ramasse et hausse les épaules avant de disparaître derrière le panneau central en se mettant à fouiller dedans.
Sarah: Planquons- nous !

Sarah quitte le panneau à jardin et entraine Marie-Laure coté cour en passant devant le panneau central. Elles se tiennent blotties devant le panneau à cour.Marie - Laure: (murmurant) Tu crois que c’est un rôdeur ?
Sarah: Sois pas conne ! Qu’est-ce qu’un rôdeur viendrait faire dans ces égouts ?
Marie - Laure: Recommences pas à être désagréable…

L’homme émerge de derrière le panneau central coté jardin et intrigué par la lampe que Sarah avait oublié d’éteindre, les aperçoit à l’autre bout de la scène. Tout le monde sursaute.L'agent technique : Whow !
Sarah: Ah !
Marie - Laure: Hi !
L'agent technique : Allons bon ! Qu’est-ce que c’est que ces sauterelles ?

Marie Laure regarde à ses pieds à la fois surprise et un peu effrayée.

Sarah: Laisse tomber, c’est de nous qu’il parle…Bonsoir Monsieur, je suppose que vous travaillez dans ces égouts ? Vous pouvez éteindre votre lampe ? Qu’on voit votre visage ?
L'agent technique : (Eteignant sa lampe frontale) Tout juste ma grande, je travaille ici ! Mais vous ? Qu’est-ce que vous fichez là ?
Marie - Laure: Nous nous sommes un tout petit peu perdues.
L'agent technique : Oui mais ça ne me dit pas ce que deux donzelles comme vous font dans les égouts de la ville (il dévisage Marie-Laure de la tête aux pieds) Sympa vos escarpins…sans parler de ce qu’il y a au dessus…
Marie - Laure: Ah merci…mais c’est juste une petite paire que j’ai trouvée en soldes. D’ailleurs vous n’êtes pas mal non plus en salopette…c’est drôle d’ailleurs, hein Sarah ? On parlait justement d’un bleu de travail juste avant que vous arriviez et hop vous voilà !

Elle rie un peu bêtement. Sarah la regarde sidérée.

L'agent technique : (Riant lui aussi) Et hop me voilà !....Bon sérieusement, ce sont les collègues qui me font une farce ou vous êtes vraiment perdues ?
Sarah: Nous sommes vraiment perdues…enfin surtout elle.
Marie - Laure: Mais non, l’écoutez pas, elle n’arrête pas de me charrier. De la jalousie mal placée…un truc de filles. En fait, il y a deux types avec nous, ils sont partis dans la galerie voisine voir s’ils trouvaient une sortie. (Apercevant le petit sac à dos dans les mains de l’agent) C’est drôle vous avez le même sac que Raph.
L'agent technique : Ah, c’est à un de vos amis ? Tenez, je vous le rends.

Marie-Laure et Sarah s’avancent jusqu’à l’agent à jardin. Marie-Laure prend le sac.

Marie - Laure: On avait peur que vous soyez un rôdeur. Dites, vous aviez rien piqué dans le sac ?
L'agent technique : Non. De toute façon, il n’y a rien dedans…vous êtes vraiment mignonne vous…mais dites, moi…Deux filles…deux gars…dans les égouts….les « tournantes », ça ne se fait pas dans les caves plutôt ?
Marie - Laure: Mais de quoi il parle ?
Sarah: Bon ça suffit espèce de vicelard ! Nous sommes descendus tous les quatre pour vérifier s’il y avait un crocodile dans les égouts.
L'agent technique : Ah, c’est encore le truc des légendes urbaines…Il n’y a pas de crocodile par ici, ça fait plus de dix ans que je fais ce métier et quand j’ai commencé, j’entendais déjà cette histoire-là….Et vous, vous êtes tous perdus comme des couillons…
Sarah: Soyez polis, hein !
L'agent technique : Vous m’avez bien traité de vicelard !
Marie - Laure: C’est vrai… tu l’as traité de vicelard.
Sarah: (appelant au loin) Thomas ! Raphaël ! Pointez-vous en vitesse ! …Je me sens très seule d’un coup !
L'agent technique : Ola du calme, vous !

Marie-Laure se rapproche de l’agent technique.L'agent technique : (A Marie-Laure) C’est vrai, on ne peut plus faire de compliments à un joli brin de fille sans se faire traiter de vicieux…Vous avez quel âge, vous ?
Marie - Laure: Vingt-quatre ans. Et ça consiste en quoi votre travail ? Vous travaillez toujours seul?
L'agent technique : D’habitude on est toujours à deux mais bon, c’est vendredi soir, et mon collègue habituel Lulu, Lucien est malade depuis trois jours. Et on est en effectif réduit ces jours-ci donc je suis seul.
Marie - Laure: Ah d’accord.
Sarah: (appelant au loin) Thomas ! Raphaël ! Qu’est-ce que vous fichez ?
L'agent technique : (s’adressant toujours à Marie-Laure) Il y a un gros chantier sur plusieurs kilomètres qui démarre lundi sur des canalisations. Donc je vérifie l’installation électrique pour que tout le monde y voie clair. Avec l’humidité, Les néons ont tendance à devenir défaillants. (Le néon à cour se rallume). Tenez vous voyez, la preuve. L’endroit où vous étiez planquées est éclairé.( Il observe le néon au centre de la scène et pose sa sacoche au sol) Mais celui-là ca m’a l’air d’être plus grave.
Marie - Laure: Ah, ça c’est vrai, je ne compte plus les fois où ils se sont éteints, c’est des coups à glisser bêtement…
L'agent technique : (matant les jambes de Marie-Laure tout en fouillant dans sa sacoche) Ca dépend sur qui on glisse…Pour en revenir aux néons, on doit normalement les changer pour d’autres plus étanches mais il y a du boulot sur ces kilomètres de coursives.

Thomas et Raphaël arrivent en trombe de derrière le panneau à cour et passe devant le panneau central.Raphaël : Ah ! Vous voilà ! On s’est perdus ! Plus moyen de trouver mon sac !
Thomas: Bon sang ! C’est toi qui as appelé ? Ca a résonné… J’ai cru qu’il vous était arrivé quelque chose. (Voyant l’agent technique qui se met à bricoler le néon) Mais d’où vous sortez vous ?
L'agent technique : Ca serait plutôt à moi de vous poser la question. (Raphaël le prend en photo, le flash l’éblouit.) Oh ! Du calme, vous là !
Marie - Laure: Tiens Raph ! Voilà, ton sac, le monsieur l’a gentiment ramassé.

Elle rend le sac à Raphaël.Sarah: Vous voyez, nos amis sont là alors si vous aviez l’obligeance de nous raccompagner jusqu’à la sortie…
L'agent technique : Ah, désolé ma petite dame mais j’ai un boulot à effectuer ici et je ne suis pas en avance. En plus, les visites guidées, ce n’est pas mon truc alors vous repartez par où vous êtes venus et…
Raphaël : Ben justement le problème c’est qu’on ne sait pas par où on est venu. (Fouillant dans son sac). Il n’y avait pas un portefeuille dans ce sac ?
L'agent technique : Bah, allez –y traitez moi de voleur aussi !
Sarah: (intervenant entre les deux) Non, c’est bon … Il l’aura sans doute perdu dans ces galeries.
Marie - Laure: C’est vrai, elles se ressemblent toutes vos galeries pour se repérer ce n’est pas évident. Alors pour retrouver un portefeuille !
Sarah: Bon alors, vous nous aidez ?
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